• Tranches de vie d'un Momobsédé Textuel

    "Bonjour tout le monde. Je suis un homme comme vous, donc comme tout le monde. Un homme ordinaire quoi. Je travaille, je regarde la télé, j’ai une femme, un enfant, un chien, une belle mère et même un voisin qui se prend pour un écolo.

    Aujourd’hui, j’ai décidé de vous emmener dans mon univers en vous racontant quelques tranches de ma vie.

    Alors, rien que pour l’ADM, rien que pour l’Amour Des Mots, ouvrez bien vos yeux et même vos oreilles si vous lisez à haute voix, et suivez-moi. Parfois c’est un peu dur je vous l’accorde, mais avec un peu de bonne volonté et un zeste d’imagination, on y arrive.

    Une vie si ordinaire, ce n’est pas bien compliqué à raconter tout de même !"

    Tiré du livre "Tranches de vie d'un Momobsédé Textuel" publié aux Editions Le Manuscrit et disponible en format électronique ou papier sur le site de l'éditeur (www.manuscrit.com), sur Amazon, Fnac et d'autres sites sur internet.

     

     Titre des histoires racontées dans ce livre.

    1–   Un billet pour Yerres

    2–   Livraison dans l’Eure

    3–   Inca particulier !

    4–   Prof de M@ Accro

    5–   La femme du Soldat Inconnu

    6–   Le voyage de ptit-Tom dans le monde des mots

    7–   Histoire du Dragon Dingue et du Ragondin

    8–   Un petit par ci, un grand par là

    9–   L’Ecolo Cool

    10   Le One Doberman Show

    11   Paranoïa parentale

    1     Course contre la montre

    13   L’Europe est dans votre assiette

    14   Au royaume des Muselle-men

    15   L’ange gardien Cygne

    16   France Télé. Com(missaire)

    17  J’ai le droit de savoir

    18  L’histoire du petit Chapon rouge et de l’affreux loup qui voit flou

  • J’aime le sport, la compétition, le défi de soi même. Un esprit sain dans un corps sain, et inversement, vous connaissez tous la devise, même en latin je parie* ! Il m’est arrivé une fois d’aller au Stade de l’Hexagone pour suivre une compétition d’athlétisme. En arrivant, Oh surprise, il n’y avait personne dans le stade. Enfin, ce n’est pas tout à fait vrai. Il y avait juste un seul athlète prostré en position d’AVM (À Vos Marques) au milieu d’un couloir de la piste de course. Il était vraiment tout seul. C’était un spectacle curieux. Depuis que j’ai rencontré mon Inca particulier seul au Pérou avec son Quipu, plus rien ne me surprend ! Alors je me suis approché de lui et je lui ai demandé tout naturellement :

    – Bonjour M. Qu’est ce que vous faites là, tout seul ?

    – Vous voyez bien que je me prépare pour une course.

    – Une course ? Vous êtes sûr ?

    – Vous ne voyez pas que je suis en position d’AVM et que je ne vais pas tarder à passer à Prêt ?

    – Si si je vois bien, mais vous faites une course contre qui ?

    – Je fais une course contre la montre, Monsieur !

    – Et elle est où la montre ?

    – Elle est accrochée à mon poignet.

    – Mais c’est ridicule ce que vous faites, Euh… enfin, c’est pas ce que je voulais dire, vous n’avez pas le droit de… !

    −… Nous n’avons pas le droit de quoi ?

    – D’être tous les deux, je veux dire vous et la montre dans le même couloir. Non mais c’est vrai quoi, dans n’importe quelle course de ce genre, les concurrents se mettent chacun dans le leur. Ils n’ont même pas le droit de chevaucher les lignes de séparation des couloirs.

    – Et qu’est ce que vous suggérez monsieur le spécialiste des courses ?

    – Que vous mettiez votre montre dans le couloir d’à côté. Comme ça vous pouvez vraiment prétendre faire une course contre la montre.

    – Mais enfin M., je suis tout seul. Si je pars seul, comment voulez-vous que je sache le temps que je fais contre la montre si je la mets dans le couloir d’à côté ? Il faut que je voie au centième de seconde près le temps que je fais contre la montre à l’arrivée, vous comprenez ? Allez, laissez-moi tranquille SVP, vous me déconcentrez et en plus vous me faites perdre mon temps.

    – Ne vous inquiétez pas, si vous perdez votre temps, je vous aiderai à le retrouver. J’adore partir à la recherche du temps perdu…

    – On ne retrouve jamais le temps perdu, vous savez !

    – Et comme vous ne voulez pas le perdre, vous lui courez après ?

    – Mais non, je viens de vous expliquer que je cours contre, je fais une course contre la montre, donc contre le temps, c’est clair ça à la fin ?

    – Je peux vous tenir la montre si vous voulez ?

    – Non, je préfère que le temps soit avec moi.

    – Et qui est−ce qui gagne en ce moment ?

    – Pour l’instant c’est lui.

    – ça c’est normal…

    −… Comment ça normal ?

    – Vous savez comme on dit, ‘que le temps passe vite’, alors forcément le temps c’est de l’Or !

    – Non M., on dit le temps c’est de l’Argent.

    – Ça dépend où. Il y a des endroits où l’on dit le temps c’est de l’Or (proverbe arabe).

    – Vous avez l’air de vous y connaître en matière de temps, vous. Vous avez déjà essayé de faire une course contre lui ?

    – Non jamais, par contre j’aimerais bien le remonter, mais ça c’est très difficile. Moi je suis de ceux qui aiment prendre leur temps. J’aime le voir passer, j’adore profiter de chaque instant, de chaque tic et de chaque tac. De chaque seconde, de chaque minute, de chaque heure : l’heure du crépuscule, l’heure de l’aurore, l’heure de vérité… De chaque période, de chaque saison. J’aime bien passer des tableaux colorés de l’automne à la blancheur pure de l’hiver, du vert chlorophyllien du printemps à l’or de l’été. Avez-vous déjà pris le temps des cerises, le temps des retrouvailles, le temps d’un aller-retour, le temps d’une chanson, d’une danse… ?

    – Franchement, vous n’avez rien d’autres à faire que de m’emmerder avec vos histoires de temps ? Vous feriez mieux de bien l’employer à faire des choses plus intéressantes. Vous ne travaillez pas ou quoi ? Ne me dites pas que vous êtes aux 35 Eure, euh excusez-moi, je veux dire aux 35 Heures ?

    – Ah vous aussi, vous avez des problèmes avec l’Eure(voir p.17). Ce n’est pas bien grave, je connais. Si si je travaille moi M., mais sachez qu’il y a un temps pour tout. En ce moment j’ai opté pour le temps choisi. Je travaille à mi temps si vous préférez. Alors quand je travaille, je travaille, et quand je ne travaille pas, j’aime prendre mon temps, flâner un peu partout. Aller voir les puces, des brocantes, des expositions, écouter de la musique, mais aussi surfer sur la toile, tchatcher… Il faut être de son temps, vous comprenez ?

    – Oh vous savez par les temps qui courent, chacun fait ce qu’il veut avec. Il y en a même qui tuent le temps et à qui on ne fait rien… Mais en ce moment, moi je travaille M., j’essaie de bien employer mon temps à gagner cette course contre la montre, à condition que vous me laissiez le temps de le faire, bien évidemment.

    – Oh oui bien sûr M. le coureur contre la montre… Alors AVM, … Prêt… Partez… ! 

    Et en un rien de temps, le type est parti faire sa course contre la montre, et en une fraction de seconde, ils ont disparu, lui et sa montre. En même temps, une autre personne m’est apparue exactement dans le même couloir. Il était aussi en position d’AVM mais il avait l’air de souffrir. Il se tortillait et se tenait le ventre de temps en temps. Alors tout surpris quand même, je lui dis :

    – Bonjour M., qu’est ce que vous faites ici ? 

    – Vous voyez bien, je me prépare pour faire une course.

    – Ne me dites pas que vous faites une course contre la montre ?

    – Non, non, ça c’était la spécialité du type d’avant.

    −Et vous, c’est quoi votre spécialité ?

    −Moi je suis le spécialiste de la course contre la Faim…

    Après son départ et en se tortillant, je suis rentré vite chez moi. J’avais un de ces creux…

    Et pour passer le temps, je commençais tout naturellement à chantonner ça : ...


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  • Lorsque j’étais jeune, je faisais des petits boulots pour financer mes études. J’étais passionné par deux choses : l’archéologie et l’anthropologie. Les petits boulots que je faisais n’avaient rien à voir avec mes deux passions, c’était purement alimentaire. Je vais vous raconter en quelques mots une autre expérience de communication que j’ai vécue lors de l’un de ces petits boulots :

     

    – Oui Allô, bonjour Mademoiselle. Ici le magasin d’alimentation LDH : Livraison Dans l’Heure. Nous sommes en rupture de stock. Est-ce que vous faites des livraisons express dans l’Eure ?

    – Quoi ? Express dans l’heure ? Mais c’est un pléonasme cher Monsieur.

    – Non, je veux dire livraison express dans le département de l’Eure.

    – Ah bon ! Vous me rassurez. Que voulez-vous qu’on vous livre dans l’Eure Monsieur ?

    – Une grande quantité de Minute-maid et de café instantané. On est en rade en ce moment.

    – Une seconde SVP, je vérifie (musique d’attente au téléphone de la chanson de Rina Ketty reprise par Dalida : J’attendraiii le jour). Excusez-moi, mais si c’est dans l’heure, ce ne sera pas possible. Vous savez, tout le monde n’est pas aussi rapide que dans l’Eure.

    – Il faut compter combien de temps aleurs, euh je veux dire alors ?

    – Cela dépend où vous êtes dans l’Eure.

    – C’est important ?

    – Oui bien sûr. C’est qu’on est dans le Midi nous. Il faut compter entre 10 à 12 heures selon que vous soyez dans l’Eure d’en haut ou dans l’Eure d’en bas.

    – On est plutôt pile dans le milieu de l’Eure.

    – Où ça exactement ?

    – A Conches-en-ouche.

    – Vous êtes un Conchois aleurs, euh pardon, je veux dire alors ?

    – Un quoi ?

    – Non mais c’est parce que les habitants de Conches s’appellent des Conchois et des Conchoises.

    – Ah bon, je ne savais pas. Moi, je suis de Condé-sur-Iton.

    – C’est toujours dans l’Eure ?

    – Oui tout à fait.

    – Alors vous êtes un Contois.

    – On dit Condéen SVP. Et vous mademoiselle, vous êtes d’où ?

    – Moi je suis du Rhin.

    – Du Rhin du haut ou du Rhin du bas ?

    – Du Bas-Rhin, celui qui est en haut, sur la carte.

    – Ah oui je vois. Et d’où exactement dans le Bas-Rhin ?

    – D’Ottrott.

    – Pardon !

    – Le village d’Ottrott, O 2 T RO 2 T et j’en suis fière. D’ailleurs c’est mon nom de famille.

    – Ne me dites pas que votre prénom est Inette, Mlle l’Ottrottoise ?

    – Non, pourquoi ?

    – Eh bien parce que ça aurait fait : Ottrott Inette ! ha ha ha !

    – C’est vraiment une blague à trois sous de l’Eure. On ne me l’avait jamais faite celle là encore.

    – Ho, ho, ha, ha… Il faut que j’arrête de rire… J’en peux plus, c’est que j’ai mal au bas du dos, je me suis fait un de ces tours du bas des reins hier soir.

    – Bien fait pour vous, M. le Condéen de l’Eure.

    – Oh excusez-moi, je suis incorrigible, je ne peux m’empêcher de faire des jeux de mots stupides. C’est une seconde nature chez moi. Bon, si on revenait au galop à notre affaire maintenant Mlle Ottrott, euh pardon, je veux dire rapidement à ma commande de Minute-maid et de café instantané…

    – Malheureusement, je dois vous quitter, il est midi et c’est l’heure du déjeuner. Rappelez-moi dans une heure, M. le Condéen de l’Eure.

    – Ah bon, vous fermez à midi pour manger ? Il n’y a pas de permanence téléphonique pour les commandes chez vous dans le Midi ?

    – Non Monsieur, c’est à cause des 35 Eure, Euh, je veux dire des 35 heures, enfin vous voyez ce que je veux dire.

    −Oui, oui, j’entends bien surtout. Que le temps passe vite avec vous mademoiselle Ottrott. Eh bien, bon appétit et à tout alors à l’Eure ! Euh, je veux dire à tout à l’heure à l’Eure, oh zut, à tout à l’heure alors. »

     

    Après avoir raccroché : Ouf ! Il y a vraiment des heures où il vaut mieux ne pas appeler dans le Midi. Cette demoiselle Ottrott, elle m’a l’air d’être vraiment un cas…


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  • Un matin, je me trouvai dans une gare pour acheter un simple billet de train, et voilà de mémoire le dialogue de sourd que j’eus avec l’agent de service ce jour là :

     

    – Bonjour Monsieur, Je voudrais un billet pour Yerres SVP.

    – C’est pour demain ?

    – Non c’est pour aujourd’hui !

    – Désolé, mais pour aller à Yerres aujourd’hui, ce n’est pas possible.

    – Et pourquoi ce n’est pas possible d’aller à Yerres aujourd’hui ?

    – Parce qu’il aurait fallu venir hier.

    – Oh juste ciel, quelle semaine d’enfer !

    – Pardon ! Vous voulez aller à Yerres ou à Denfert, il faut savoir ?

    – Non, non, je veux toujours aller à Yerres, mais aujourd’hui. Apparemment, ce n’est possible que pour demain?

    – Oui, désolé. C’est à cause du nouveau Logiciel, Monsieur…

    – Et alors ?

    – Avec lui, on ne peut émettre les billets du jour que la veille…

    –… Et ceux pour demain, aujourd’hui ! Et demain pour le jour d’après si j’ai bien compris !

    – Voilà, vous voyez quand vous voulez ! Mais vous pouvez réserver longtemps à l’avance aussi.

    – Non mais c’est une blague ?

    – Pas du tout M., c’est une nouvelle vague de modernisation du système.

    – Modernisation de quoi ?

    – Imaginez qu’il y ait eu grève des guichets de vente de billets aujourd’hui, vous auriez été content d’avoir votre billet pour Yerres, hier, euh, je veux dire le jour d’avant.

    – Et la grève des trains, qu’est ce que vous en faites ?

    – Oh lui, ça c’est un mythe, ça n’arrive jamais !

    – Je parie que vous venez d’arriver vous…

    – Oui, depuis hier. J’ai été interne d’une école de communication. J’en suis sorti major. Mais comment avez-vous deviné ?

    – Pas de commentaire. Admettons que je veuille partir le lendemain d’un jour de grève des guichets, comment ferai-je alors ?

    – Vous débarquez ou quoi ? Il y a des distributeurs automatiques de plus en plus performants, et ils parlent maintenant vous savez, et avec une voix, une voix ! On dirait une hôtesse de l’air ! Ils peuvent même vous offrir un café. Et puis surtout il y a le Web, le Net, oui M., The Toile of The Net. Vous n’auriez même pas à vous déplacer.

    – “Si c’est pour éviter de voir des têtes à claques, oui c’est une bonne chose, marmonnai-je dans mes moustaches ”. Vous savez, il y a des gens qui n’ont pas Internet.

    – Quoi ? Est-ce imaginable de vivre sans Internet aujourd’hui ? Encore hier, je comprends, mais aujourd’hui, je suis scié. Admettons que ce soit possible, il reste toujours la solution de réservation par SMS.

    – C’est quoi ce truc, c’est un nouveau Service Merdique de la Snc… ?

    −… Non mais enfin je vous en prie M., les SMS qu’on envoie avec les portables ! Vous débarquez ou quoi ?

    – Non, je voudrais plutôt embarquer. Mais vous savez, il y a des gens qui n’ont pas de portable.

    – Quoi ? Est-ce imaginable de vivre sans portable aujourd’hui ? Encore hier, je comprends, mais aujourd’hui, je suis scié.

    – Et avec le bon vieux téléphone, ça ne marchera pas ?

    – Oh lui, ça c’est vraiment le comble du ringard. Vous imaginez le type au téléphone : “ bonjour, je voudrais un billet pour Yerres ”, et l’autre lui répondre, “ c’est pour demain ou c’est pour aujourd’hui… ? ” Ha Ha Ha, franchement, j’aurais tout vu pour ma première journée de travail… ça promet !

    – Bon, enfin, pourrais-je avoir un billet pour aller à Yerres demain ?

    – Voyons voir,(en défilant la liste alphabétique des villes sur son ordinateur) A, B, C… G, H… mais en fait, vous voulez aller à Hyères ou à Yerres… ?

    – à Yerres, avec un Y comme dans Yesterday. On ne va pas y passer une heure tout de même !


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  • – Bonjour M. le juge.

    – Bonjour Mme, que puis-je pour vous ?

    – Comment ça, vous ne voyez pas qui je suis ?

    – Non Mme, Pourquoi devrais-je vous reconnaître ? Vous êtes une vedette, une rescapée de la canicule, une ferme célébrité, une ex-lofteuse, une star-académicienne à la retraite, une fille cachée d’un président ou d’un prince… ?

    – … Oh, vous avez de drôles de références M. le juge. Vous êtes sous influence du Système on dirait… Moi je suis plus que ça, plus que ça quand même… !

    −… Ah bon !

    – Mais je suis la Femme du Soldat Inconnu enfin !

    – Excusez-moi, mais je ne vous ai pas reconnue.

    – Vous voyez ! J’en ai vraiment marre. Je suis la Femme du célèbre Soldat Inconnu et je reste la plus méconnue des femmes connues.

    – Que pourrais-je faire pour vous alors ?

    – Je voudrais porter plainte…

    −… Une plainte ? Mais vous voulez porter plainte contre qui ?

    – Contre X monsieur le juge…

    – Comment ça, contre X…

    −… Absolument M. le juge. Je suis la Femme du Soldat Inconnu et je voudrais porter plainte contre X.

    – Mais au fait, vous êtes la femme de quel Soldat Inconnu ?

    – Comment ça lequel ?

    – Vous savez des soldats inconnus, il y en a un peu partout dans le monde, alors il va falloir m’aider pour que je puisse le reconnaître.

    – Je suis la femme du seul, de l’unique Soldat Inconnu. Celui qui triomphe sous l’arc. Celui dont la femme, Euh je veux dire la flamme ne s’éteint jamais.

    – Voilà, maintenant que vous m’avez éclairé, je vois mieux de quel soldat inconnu il s’agit.

    – Eh bien monsieur le juge, je suis sa femme, mais ça, personne ne veut le reconnaître.

    – Ah bon !

    – Comme je vous le dis. Mon mari était un homme simple, un peu flemmard certes mais honnête homme. Dès qu’il a su que la liberté de son pays était mise en danger, il n’a pas hésité à la défendre de toutes ses forces. Il a payé de sa vie pour sauver ce qu’il avait de plus cher : sa Terre. Il était comme son père, fier. D’ailleurs, tous les deux ont été tués par un inconnu. Et vous, votre père est mort comment ?

    – Je ne sais pas. Je n’ai jamais connu mon père.

    – Ah bon !

    – Je suis né sous X.

    – J’en suis désolé, mais je vous félicite. Je trouve que vous vous en êtes bien sorti.

    – Il fallait bien que je résolve mes problèmes tout seul.

    – Moi mon mari, je veux dire le Soldat Inconnu, comptait toujours sur moi. Ce qui m’attriste le plus dans son histoire, c’est la chose suivante. Qu’il ait été inconnu de son vivant, ça je veux bien l’accepter, mais qu’il le soit encore plus après sa mort malgré ce qu’il a fait, alors ça, je ne m’y résous pas, mais alors pas du tout.

    – Oh, je dirais plutôt le contraire chère madame. Votre mari est devenu le plus connu des gens inconnus.

    – Et moi je suis resté dans les oubliettes, personne ne veut reconnaître mes droits. Ça va faire bientôt un siècle que j’essaie de convaincre les autorités que je mérite une reconnaissance digne de la célébrité de mon mari. Rien, même pas un petit médaillon.

    – Et pourquoi donc ?

    – C’est parce qu’on me dit toujours que si j’étais vraiment la femme du Soldat Inconnu, je devrais rester aussi inconnue que lui. Mais moi j’existe, j’ai un nom, je suis vivante, j’ai une fille prof de M@ accro, j’ai un gendre fou qui prétend avoir rencontré un Inca particulier (voir p.21) et qui raconte des histoires de dragon dingue à mon ptit-fils-Tom(voir p.49), et je sais que l’homme devant qui tous les grands de ce monde viennent déposer une gerbe, s’incliner et raviver la femme, euh je veux dire la flamme est mon défunt mari. Oui je le sais ça, j’en suis convaincue. C’est pour ça que je veux porter plainte.

    – Mais contre qui ?

    – Mais contre X enfin.

    – Dans ce cas précis, le X est un inconnu alors ?

    – Si vous voulez, débrouillez vous mais il va falloir trouver une solution, car moi je ne peux plus accepter de vivre sans reconnaissance. N’importe quelle veuve du premier soldat connu a eu droit aux honneurs. Et moi, la femme du célèbre Soldat Inconnu, je reste la plus non reconnue de toutes ? Mais où va-t-on, je vous le demande ? C’est insensé, c’est à plus rien reconnaître !


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