• Le Scarabée et la Gazelle

    Je voulais griller1, Pour briller

    Comme une étoile, Une étincelle

    Aux belles couleurs de l’arc en ciel.

    Je voulais griller, Pour m’éloigner

    Des pays de ceux et de celles, Ayant la part belle

    Puisqu’ici pour moi Il n’y a rien à faire

    Car la richesse et même la misère, Sont devenues héréditaires.

     

    Je voulais griller, Pour crier mon désarroi,

    Je voulais griller, Pour briser cette paroi,

    Je voulais griller, Je n’avais même pas peur de me noyer,

    Au pire je finirais, Par aller méditer

    Au fond de la Méditerranée,

    Si ça continue, Même le détroit

    Serait à l’étroit, Pour accueillir ce charnier.

    Je voulais griller, Je vouais crier,

    Je voulais prier, Mais je ne savais plus à qui se fier.

     

    Je voulais griller, Une dernière du condamné

    Et pourtant, ça fait longtemps que j’ai du m’arrêter,

    De toute façon, J’ai plus un rond, Pour m’en acheter.

     

    Je voulais griller yamma (oh mère)

    Si je reste là, c’est lahshouma (la honte)

    Je voulais griller yamma, Je n’avais même pas peur d’être arrêté,

    Celui qui veut le miel, Doit résister aux piqûres des abeilles,

    Ici on est traité moins que des scarabées

    Mais sachez que « tout scarabée est aux yeux de sa mère une gazelle »2.

    Je voulais griller, Je voulais crier,

    Je voulais prier, Mais je ne savais plus à qui se fier.

     

    La fourmi à sa fourmilière, Le bombyx se délecte de son mûrier,

    Le renard est fier de sa tanière, Et même les loups possèdent leur terrier,

    Et moi mis à part mon désert, Personne ne m’octroie un petit pays,

    C’est pour cela que je voulais griller,

    Pour trouver une terre à louer, Un pays alloué.

     

    Je voulais griller, Sans oublier

    Ni ma montagne, Ni mon quartier,

    Je voulais griller, Juste pour m’éloigner

    Des pays de ceux et de celles, Ayant la part belle

    Puisqu’ici pour moi, Il n’y a rien à faire

    Car le pouvoir et même la misère

    Sont devenus héréditaires,

     

    Je voulais crier, Pour que personne ne puisse oublier

    Que « tout scarabée, est aux yeux de sa mère une gazelle »2

    Koul khanfous yamma, Fi aîn mou ghouzal.

    MM (17/08/02)

    1- C’est la traduction textuelle du mot arabe Ahrag, utilisé de façon très populaire en Afrique du Nord pour désigner le fait de vouloir partir en occident en usant de n’importe quel moyen pour échapper à la misère. Griller une frontière, c’est braver l’interdit pour survivre…

    2-  Proverbe arabe


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